samedi 31 mars 2012

Commissaire Bruno Frans "aborder les problèmes de sécurité d’une façon intégrée et intégrale"



securiteinterieure.fr a le plaisir de recevoir dans les Conversations de securiteinterieure.fr le Commissaire Bruno Frans, Commissaire divisionnaire, Directeur de la Direction de la lutte contre la criminalité organisée de la police judiciaire fédérale (Police fédérale belge).
Le Commissaire Frans est très impliqué dans un projet européen nommé "Cycle politique" Harmony (ou encore cycle de gestion) destiné à ordonner l'action de l'Union en matière de lutte contre la criminalité organisée, et à optimiser cette action de sorte qu'elle corresponde aux attentes des polices et des services nationaux de sécurité.

securiteinterieure.fr : Pouvez-vous nous présenter brièvement le "Cycle politique" (policy cycle) en tant que projet européen de lutte contre la criminalité organisée ? Et pourquoi un tel projet ?

Dès la création de la CECA en 1951, la collaboration entre les Etats membres européens a subi énormément de changements. Tout le monde reconnaît la nécessité d’une meilleure collaboration, mais en pratique les opinions divergent et ce, surtout en matière de justice et d’affaires intérieures.
Afin de garantir au citoyen européen un espace de sécurité, il faut abandonner l’approche intergouvernementale dirigée par la souveraineté nationale, pour faire place à une attitude plus flexible des Etats membres en donnant priorité aux intérêts communs.
Le cycle de gestion en matière de sécurité intérieure n’est qu’une approche cohérente et méthodologique dirigée par le politique et coordonnée par le Comité de sécurité intérieure (COSI) pour s'attaquer aux phénomènes criminels les plus préoccupants au niveau européen. Cela consiste en une collaboration optimale entre les agences européennes et les Etats membres.


securiteinterieure.fr : Quels sont les avantages retirés pour les services répressifs tels que les services belges ou français ?

Un cycle de gestion permet plus de stabilité et de cohérence grâce au fait que les priorités sont fixées sur la base d’une analyse solide de la menace (développement de la politique guidée par l’information) et que les attentes vers les services de police dans les Etats membres ne changent pas tous les six mois à cause d’une nouvelle présidence au Conseil de l'UE.
Une approche pareille offre la possibilité aux acteurs concernés, tant au niveau européen qu’au niveau national,  d’intégrer leur contribution attendue dans les plannings respectifs. Un plan pluriannuel bien réfléchi abordera au mieux les problèmes de sécurité d’une façon intégrée et intégrale au détriment d’une réaction réactive.


securiteinterieure.fr : Un tel cycle requiert une bonne collaboration de ces services répressifs. Pensez-vous qu'ils jouent vraiment le jeu ?

En effet, une bonne collaboration entre les services répressifs – je dirais même une collaboration multidisciplinaire qui dépasse le cadre répressif -  est indispensable. Tandis que cette collaboration se passe la plupart du temps incidemment et avec une vision locale, le cycle de gestion essaie d’établir une collaboration plus permanente et structurée.
Cette collaboration devrait démarrer sur base de priorités communes, identifiée par une analyse approfondie et transparente au niveau européen avec une méthodologie claire.
L’implication des experts des Etats membres dans la rédaction de plans stratégiques garantit une approche réaliste et concrète, et les engage dans l’exécution des plans opérationnels.


securiteinterieure.fr : Pensez-vous qu'une tel projet conduira à un plan européen de sécurité, voire un jour à une police européenne ?

Pour remédier aux problèmes de collaboration internationale, il ne faut pas nécessairement  modifier les structures. L’idée derrière un cycle de gestion est d’offrir une méthodologie et d’élaborer un cadre de référence qui stimule les Etats membres à coopérer à travers les frontières dans une approche communautaire tout en respectant les structures nationales.
Vu l’évolution politique, je n’exclus pas la création d’une police européenne (à long terme), en tout cas pour certaines matières. Je pense par exemple à la création d’une Police aux frontières  européenne pour assurer la sécurité aux frontières extérieures.


securiteinterieure.fr : A quand un "Cycle politique" contre le terrorisme ?

La lutte contre le terrorisme ainsi que la gestion des crises civiles et des catastrophes devraient figurer aussi dans une stratégie de sécurité intérieure. Le Conseil de ministres « Justice et Affaires intérieures » a décidé en 2010 de démarrer un cycle de gestion de la lutte contre la criminalité  grave et organisée pour une double raison :
  • d’abord la matière terrorisme se caractérise par d’autres acteurs et une gestion de l’information particulière;
  • de plus, la mise en œuvre d’un cycle de gestion réduit permet  également d’acquérir de l’expérience pour une application plus large dans le futur.


A consulter :


Nota Bene : Les Conversations de securiteinterieure.fr sont des entretiens ayant pour thème la sécurité intérieure ainsi que des sujets ayant un rapport avec elle. Ces Conversations sont des entretiens pluralistes avec des personnes issues de tous horizons (chercheurs ou praticiens) et de toutes orientations politiques. Elles constituent un volet du site securiteinterieure.fr. Vous pouvez consulter la charte éditoriale du site.
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